Puiser de l’eau chaude en profondeur pour produire de la chaleur, tel est le principe de la géothermie. Un projet ambitieux est en train de naître au cœur de la plateforme de Paris-Charles de Gaulle pour chauffer les aérogares, les hangars et les bâtiments de bureau.
La géothermie s’impose ainsi comme une solution renouvelable, peu polluante et économique dans la transition énergétique du Groupe ADP.
Réponse concrète aux impératifs de décarbonation des plateformes aéroportuaires, la géothermie s’inscrit dans les engagements climatiques du Groupe. Marc Donnart, chef de Projet à ECPPI (Engineering & Capital Projects – Projets Infrastructures et Energie), dévoile les détails et les enjeux de cette initiative qui va fortement contribuer à la décarbonation de Paris-Charles de Gaulle.
Un projet de géothermie d’envergure pour Paris-Charles de Gaulle
Connaissez-vous le principe de la géothermie ? Un réseau de conduits primaire prélève l’eau chaude à plus de 1 500 mètres de profondeur pour chauffer, à la surface, un circuit d’eau secondaire grâce à un échangeur thermique. Ce dernier est ensuite injecté dans le réseau de chaleur de l’aéroport pour chauffer les bâtiments. En parallèle l’eau chaude qui a été prélevée dans la nappe aquifère est réinjectée. Cela forme ainsi un circuit fermé qui ne perturbe pas l’équilibre naturel de cette nappe.
A Paris-Charles de Gaulle, la mise en place d’une infrastructure de géothermie était initialement prévue pour le Terminal 4 de l’aéroport. À la suite de son abandon, elle a été réorientée vers les installations aéroportuaires existantes, au niveau de la centrale thermofrigo électrique (CTFE), pour s’inscrire pleinement dans la feuille de route « 2025 Pioneers ». Tournée vers l’aéroport durable de demain, son objectif majeur est de décarboner les infrastructures existantes pour réduire les émissions de CO2 de manière significative. Paris-Charles de Gaulle s’est d’ailleurs engagé à atteindre 0 émission interne nette de carbone dès 2035.
Ce projet va permettre l’économie de 19 000 tonnes de CO2 par an, soit environ 35 % des émissions internes du groupe ADP sur la plateforme Paris-Charles de Gaulle.
Chef de Projet à ECPPI
Les défis techniques et organisationnels du projet
Une telle infrastructure est un projet de longue haleine, chapeauté par Marc Donnart qui collabore notamment avec des équipes pluridisciplinaires (design, pilotage, contrôle, etc.) pour assurer sa cohérence et sa réussite. « L’étude de faisabilité a, en effet, débuté en 2021, suivi des études de conception d’avant-projet (AVP) puis des études de projet (PRO) jusqu’à la mi 2022 » détaille-t-il. En parallèle, les autorisations administratives de recherche minière pour les deux forages ont été instruites et obtenues fin juin 2023, les travaux préparatoires ont ainsi pu débuter en juillet 2023. Les forages dans la nappe aquifère auront lieu à partir de septembre 2024 pour une durée de trois mois, en vue de rendre opérationnelle l’installation de géothermie dans le courant de l’année 2026. Ce sont des travaux complexes avec des défis techniques et organisationnels, car il faut pouvoir forer en profondeur et récupérer l’eau, sans interrompre les activités de l’aéroport.
« Grâce à une eau captée à 71° C à 1 800 m de profondeur, la géothermie à Paris-Charles de Gaulle nous permettra de produire 80 GWh par an pour couvrir 32 % des besoins en chauffage de la plateforme. »
Chef de Projet à ECPPI
Les engagements climatiques et l’avenir énergétique du Groupe ADP
Les aéroports Paris-Orly et Paris-Le Bourget sont, eux aussi, convertis ou en train de se convertir à la production de chaleur à partir de la géothermie. « C’est une énergie renouvelable disponible toute l’année et très peu polluante. Si l’investissement est important lors de l’installation, c’est ensuite une énergie économique, peu dépendante des fluctuations des énergies fossiles et bien maîtrisées », souligne Marc Donnart. Le recours à la géothermie s’inscrit dans une démarche plus globale de sobriété énergétique et de réduction de l’impact carbone. Ces stratégies visent à atteindre des territoires neutres en carbone à l’horizon 2050.
La géothermie s’impose comme un pivot essentiel dans la transition énergétique de Paris-Charles de Gaulle. Elle témoigne de l’engagement du Groupe ADP dans la durabilité environnementale et la réduction des émissions de carbone.