Il est 22 h 45 à Paris-Charles de Gaulle. Le soleil est couché depuis une bonne heure. Pour autant, le tarmac, au nord de la plateforme, est plutôt lumineux. Les voies Fox viennent d’être bloquées au trafic. En effet, ce soir, l’ensileuse est de sortie dont la mission consiste à sécuriser les zones de travail.
Voir un engin agricole de cette envergure dans le paysage aéroportuaire, ce n’est pas banal. Et pour cause, cette machine de la taille d’une moissonneuse batteuse, destinée à récolter le fourrage, est exploitée à Paris-Charles de Gaulle côté piste pour effectuer le fauchage, l’herbe étant désormais revalorisable.
1 200
hectares d'espaces verts côté piste à Paris-Charles de Gaulle
Avec 1 200 hectares d’espaces verts côté piste, Paris-Charles de Gaulle offre un potentiel particulièrement intéressant pour la méthanisation, transformant les matières organiques en biogaz (mélange de méthane et CO2) et en engrais naturel. Ce procédé s’inscrit dans une logique d’économie circulaire, en favorisant la production d’une énergie renouvelable, le biogaz pouvant notamment être valorisé sous forme d’électricité ou de chaleur.
Nous avons conclu un partenariat avec quatre méthaniseurs gérés par des agriculteurs des territoires environnants, Cette démarche s'inscrit dans le plan de gestion des espaces verts, en cohérence avec la préservation de la biodiversité et les enjeux de sécurité aéronautique.
Chargé de l'activité Espaces verts de la direction des aires aéronautiques
Avec les précipitations particulièrement nombreuses au printemps, la campagne de fauchage a démarré plus tard que prévu, début mai, menée par la direction des aires aéronautiques en collaboration avec l’entreprise Robert Paysages. « Pour des questions de sécurité aéronautique, le fauchage se déroule uniquement en nocturne, entre 23 heures et 4 h 30 du matin, explique Frédéric Szezygiel. Ce sont 15 hectares qui sont ratissés chaque nuit. L’ensileuse effectue le travail de trois tracteurs. Il faut dire qu’elle fauche sur 6 m de largeur. » Plus de 1 000 tonnes d’herbe ont déjà été livrées aux méthaniseurs depuis le début de cette campagne de fauchage, qui s’achèvera en octobre prochain. « Le volet environnemental est une composante de notre activité infra, ajoute Frédéric Szezygiel, ce qui n’est pas pour me déplaire. J’ai toujours bien aimé m’occuper des espaces verts, comme de mon jardin. »
Pour des questions de sécurité aéronautique, le fauchage se déroule uniquement en nocturne, entre 23 heures et 4 h 30 du matin.
contrôleur travaux à la direction des aires aéronautiques
L'ensileuse est utilisée exclusivement de nuit
Avec l’ensileuse, le rendement a été multiplié par trois par rapport aux tracteurs : « Avant, précise Nicolas Bernard, responsable du pôle Infrastructures, il fallait 3 jours pour faucher 15 hectares. Désormais, une journée suffit ! » Pour le Groupe ADP, la démarche portant sur la revalorisation des déchets verts est vertueuse sur tous les plans. « Nous participons à 10 % des approvisionnements d’un méthaniseur en matière végétale et contribuons ainsi à la production énergétique annuelle de 600 logements environ, ajoute Nicolas Bernard. D’ici fin octobre, nous aurons ramassé 5 000 tonnes d’herbe qui seront vendues intégralement aux agriculteurs. » Cette démarche s’inscrit dans la feuille de route 2025 Pioneers, en interaction avec les territoires environnants : « L’ancrage territorial est bel et bien réel. Cette démarche englobe quatre communes et deux départements dans un rayon de 30 km « , conclut Arnaud Guihard, responsable du Domaine technique à la direction des aires aéronautiques.
L'ancrage territorial est bel et bien réel. Cette démarche englobe quatre communes et deux départements dans un rayon de 30 km
Responsable du Domaine technique à la direction des aires aéronautiques.
