Pouvez-vous nous rappeler vos missions ?
Sébastien Authier : Notre mission est d’assurer la surveillance des aires aéronautiques et de prévenir les collisions avec les aéronefs. Le péril aviaire représente le premier risque. Sur un terrain de 4 000 hectares, nous gérons aussi bien les espèces locales que les oiseaux migrateurs. Pour cela, nous mettons en place des méthodes d’effarouchement, adaptées à chaque espèce, en nous appuyant sur l’expérience et la connaissance de chacun acquises au fil des saisons et des années.
Quelles sont les espèces les plus problématiques ?
Les pigeons ramiers notamment sur le doublet nord. Ils sont « autoprogrammés » pour nourrir leur progéniture et traversent régulièrement les pistes, faisant des allers-retours, entre les nids proches de Paris et les champs situés au nord de l’aéroport. Les étourneaux sont aussi problématiques car ils utilisent la plateforme comme zone de dortoir. Les mouettes et goélands, qui se sont rapprochés des villes, nécessitent également une vigilance constante.
La mission première du SPRA est de concilier sécurité des vols et préservation de la biodiversité.
Responsable du service de Gestion de la Sécurité des Aires Aéronautiques à Paris-Charles de Gaulle
Comment contribuez-vous à la protection animale ?
Nous privilégions une approche non létale et cherchons à travailler en harmonie avec la faune. Nos méthodes d’effarouchement utilisent des haut-parleurs diffusant des bruits synthétiques ou naturels dans un respect de l’écosystème naturel. La chaine alimentaire nous permet d’éviter d’employer notre ultime moyen de prévention, le prélèvement d’espèces. Les rapaces, par exemple, participent à l’autorégulation des populations de micromammifères. Le mulot est mangé par la buse et le renard, les pies et les corbeaux mangent les lapereaux, etc. Nous intervenons aussi régulièrement pour secourir des animaux en détresse que nous confions à des associations ou refuges. Pour les secourir, je m’appuie sur mon expérience de dresseur où j’ai appris à manipuler toute sorte d’espèce et guide mes collègues.
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animaux ont été secourus par les agents du SPRA depuis 2023
Avez-vous des exemples de sauvetage qui vous ont marqués ?
Récemment, nous avons découvert une buse enchevêtrée dans les barbelés. Après l’avoir désincarcérée avec précaution, et vérifié son état, quelques plumes arrachées, nous l’avons gardée sous surveillance le temps qu’elle reprenne ses esprits. Puis, elle s’est envolée. L’an dernier, nous avons secouru un faucon Hobereau épuisé, qui vivait au Terminal 1, et qui était menacé par des corneilles. J’ai aussi sauvé un renard de la noyade dans un des bassins de rétention des Renardières. Nous nous occupons même des pigeons voyageurs égarés, en contactant leurs propriétaires pour qu’ils puissent les récupérer. Notre approche de la gestion du péril animalier privilégie toujours la préservation et le sauvetage plutôt que le prélèvement.
*Propos recueillis par Isabelle Frémiot-Dattola