28/09/21 3 questions à

Rencontre avec John Millet, responsable des espaces verts à l’aéroport Paris-Charles de Gaulle et passionné d’orchidées sauvages

John Millet est un fin connaisseur des espaces verts et des plantes de Paris-Charles de Gaulle. Et pour cause, il est en charge de la maintenance des espaces verts et des clôtures au sein de la direction Réseaux et Accès. Son périmètre s’étend sur 400 hectares en zone publique. Nous vous proposons de rencontrer ce passionné de la flore, et plus particulièrement, des orchidées sauvages.

Comment procédez-vous en matière d’entretien des espaces verts à Paris-Charles de Gaulle ?

John Millet : Nous travaillons à partir d’un plan de maintenance des réseaux routiers de Paris-Charles de Gaulle. Notre périmètre comprend également les doubles clôtures, les centrales thermiques et frigorifiques. Nous organisons nos opérations en fonction de la superficie du lieu et du facteur météo. Nous devons en effet composer en permanence avec une météo de plus en plus instable : par exemple cette année, des précipitations très importantes sont tombées entre février et juin juillet alors que l’an dernier avait été marqué par une sécheresse. Sur la partie publique, il est nécessaire d’avoir un entretien régulier. Il faut donc effectuer a minima dix tontes par an.

Dans les zones publiques fréquentées, la propreté est impérative. La parcelle à l’entrée de la plateforme doit être est particulièrement soignée. En revanche, sur les voiries et routes de services, on passe beaucoup moins souvent depuis l’année dernière en raison des efforts budgétaires demandés suite à la crise du Covid-19. Sur chacune de ces zones, je sais quand doit être effectué l’entretien et de quelle manière. Nous avons aussi recours à l’entreprise Robert Paysages et un Esat (établissement ou service d’aide par le travail), qui fait travailler des personnes en situation de handicap au Terminal 2G et sur un des parkings de l’aéroport.

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Le nombre de tontes à minima par an à Paris-Charles de Gaulle

Les objectifs fixés par le groupe ADP sont de plus en plus élevés en matière de  Responsabilité sociétale et environnementale (RSE). Comment composer avec ces nouvelles contraintes ?

J. M. : Auparavant, un traitement phytosanitaire puissant était administré une fois par an, ce qui empêchait la pousse. Depuis 2019, nous appliquons une politique zéro phyto, il n’est donc plus question d’utiliser des produits phytosanitaires dans le cadre de l’entretien des espaces verts. C’est une machine mécanisée qui effectue dorénavant ce que le produit faisait hier !  La politique zéro phyto nécessite donc plus d’entretien et plus de moyens humains.

Par ailleurs, nous prenons en compte la biodiversité dans nos opérations. Des plantes rares poussent sur la plateforme, comme les orchidées sauvages (trois variétés). Derrière le parking réservés aux taxis, se niche aussi un oiseau protégé et des grenouilles. Dans la zone où la biodiversité est particulièrement dense, un seul fauchage par an est effectué. C’est aussi le cas des grandes plaines engazonnées à l’est de la plateforme. Nous avons aussi recours aux agriculteurs pour récolter le foin.

 

Quelles solutions préconisez-vous pour répondre aux impératifs en matière de gestion des espaces verts ?

J. M. : Nous comptons beaucoup sur le robot hybride, mis à disposition par Robert Paysages et piloté à distance. Nous avons commencé à l’expérimenter au printemps. Son rendement s’avère excellent sur la tonte des bordures. La valeur ajoutée de ce robot est qu’il peut tailler les talus en bord de route sans créer de blocage routier alors qu’auparavant, le tracteur présentait un coût colossal et générait un barriérage sur une partie de la voie. Avec le robot, pas de souci de sécurité, on peut travailler de jour, ce qui permet de diminuer les coûts de maintenance. Le robot pourra intervenir dans les boisements, il peut tondre aussi de l’herbe haute.

Nous cherchons aussi à faire pousser des plantes qui consomment peu d’eau, à l’image du sedum, planté au printemps dernier à titre expérimental dans l’un de nos parkings. Cette expérimentation s’avère probante : le sedum reste bien vert toute l’année et ne génère que très peu de mauvaises herbes. Sa plantation pourrait être généralisée sur la plateforme, et pas seulement dans les parkings. Il peut être planté toute l’année, sauf l’hiver.

 

Nous cherchons aussi à faire pousser des plantes qui consomment peu d'eau, à l'image du sedum, planté au printemps dernier à titre expérimental dans l'un de nos parkings

En outre, pour limiter les tontes, nous cherchons à introduire de nouvelles plantes qui ne poussent pas trop vite. Nous allons tester dans certaines zones la mise en place d’une prairie fleurie pour préserver notre biodiversité. Notre objectif est aussi d’installer à nouveau des ruches dans des lieux appropriés pour la récolte du miel. Des moutons à Paris-Charles de Gaulle, on y pense mais pas de façon permanente. Je serais ravi de voir une forêt urbaine du style Miyawaki sur la plateforme, celle-ci ne demande que peu d’entretien en raison de sa grande densification.

À moi d’être force de proposition pour faire émerger de nouvelles idées en matière d’espaces verts !

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