17/03/23 3 questions à

1001 mots, l’association pionnière dans la lutte contre le décrochage scolaire

L’association 1001 mots, soutenue par le Groupe ADP, aide et accompagne les parents en difficulté dans l’éveil du langage de leurs enfants, avant leur entrée à l’école. Avec un programme pédagogique stimulant développé par des experts de la petite enfance, l’association accompagne 10 000 enfants dans 8 départements du territoire. Rencontre avec Marie-Charlotte Laurence, directrice Partenariats Mécénat et Communication de l’association.

Moment de lecture entre une mère et sa fille

Moment de lecture entre une mère et sa fille

Marie-Charlotte Laurence est directrice Mécénats Partenariats et Communication au sein de l’association 1001 mots depuis 2 ans. Issue du secteur associatif, elle a travaillé pendant trois ans au sein de l’association AIDES, qui lutte contre le VIH et les hépatites en France et en Europe.

Elle nous présente l’association 1001 mots, son programme d’accompagnement et son impact sur les enfants suivis.

Pouvez-vous nous parler de 1001 mots ?

L’association 1001 mots est née en 2017. Elle a été fondée par un groupe d’experts (chercheurs, orthophonistes, psychologues) et de personnes issues de la filière digitale et du secteur public. Leur ambition était de lutter contre le décrochage scolaire, par le biais de la prévention précoce. Tous les ans, 100 000 jeunes quittent le système scolaire sans diplôme et risquent de tomber dans la pauvreté, ou d’exercer un métier qui ne leur plaît pas. En réalité, ce problème prend place dès l’école maternelle, car certains enfants entrent à l’école avec un haut niveau de langage et une bonne maîtrise du vocabulaire, tandis que d’autres ont une faible maîtrise du langage. Ces inégalités se creusent au fil des années, causant un ainsi grand risque d’échec scolaire. L’association 1001 mots œuvre pour le bon développement et l’éveil du langage des tout-petits, en accompagnant les parents dans l’éveil du langage de leurs enfants, en amont de leur scolarisation.

100 000

jeunes quittent le système scolaire tous les ans, sans diplôme

Nous sommes présents dans cinq départements : en Île-de-France, dans les Yvelines, en Moselle et dans le Loiret. Nos grandes valeurs au sein de l’association sont la proximité avec les familles, l’ambition nationale, l’autonomie, la bienveillance, et l’expérimentation continue. Nous testons régulièrement de nouveaux contenus et mettons en place de nouveaux partenariats dans l’optique de nous améliorer au quotidien.

Quel type d’accompagnement proposez-vous ?

Nous avons mis en place un dispositif à distance à destination des parents bénéficiaires. Ils reçoivent tous les mois des livres adaptés à leurs enfants, puis trois fois par semaine, nous leur envoyons des SMS avec des idées d’activités simples à réaliser. Nous les conseillons sur la façon de lire avec un bébé ou de stimuler l’éveil du langage au quotidien. Tous les mois, nos orthophonistes et nos psychologues entrent en contact avec les parents pour assurer un suivi et répondre à toutes leurs questions.

Activité entre une mère et son enfant ©Emma David

Nous organisons également des échanges entre pairs, coanimés par des parents ambassadeurs. Ils se rencontrent au cours d’ateliers organisés par nos intervenants orthophonistes, psychologues, ou puériculteurs, dans des centres sociaux, des médiathèques ou des centres de protection maternelle et infantile (PMI). Le but de ces ateliers est d’échanger sur les activités et les conseils reçus par SMS, sur leurs idées concernant l’éveil du langage et de poser des questions aux experts.

Notre programme d’accompagnement s’effectue sur une durée de six mois renouvelables une fois. Si les parents souhaitent poursuivre au bout des six mois, nous leur proposons d’autres contenus pédagogiques. À la fin de l’accompagnement, notre objectif est de continuer à concevoir des contenus pour les enfants jusqu’à leur entrée à l’école. Pour le moment, nous proposons un groupe de discussion entre parents sur Facebook et WhatsApp, pour continuer à échanger des conseils sur l’éveil du langage, des idées de jeux à tester avec son enfant, ou encore les bonnes adresses à découvrir.

1 an

d’accompagnement gratuit, réalisé par des experts de la petite enfance à destination des parents en difficulté.

À qui s’adresse l’association ? Comment en bénéficier ?

Nous ciblons les enfants de moins de 3 ans, et nous cherchons à toucher en priorité les parents en difficulté financière, en situation de monoparentalité, ou qui ne savent pas comment communiquer avec un nourrisson. Nous leur venons en aide en mettant en place ce système pédagogique gratuit, financé par nos partenaires.

Nous cherchons à toucher en priorité les parents en difficulté financière, en situation de monoparentalité, ou qui ne savent pas comment communiquer avec un nourrisson .

Pour identifier ces parents, nous passons par nos partenaires tels que les PMI (les services de protection maternelle ou infantile) ou les CAF (caisses d’allocations familiales). Ils identifient sur le terrain des enfants qui pourraient bénéficier de notre accompagnement, et nous mettent en relation avec les parents.

Nous proposons également aux parents bénéficiaires de cibler des familles avec des enfants de moins de trois ans, et un petit budget. Il peut également arriver que certains parents aient entendu parler de nous à travers un autre canal et nous contactent pour bénéficier de notre programme. Nous étudions leur situation, vérifions qu’ils entrent bien dans la cible puis nous démarrons l’accompagnement.

Comment se compose votre équipe ?

Notre équipe est répartie en quatre pôles. Le pôle mécénat et partenariat a la charge de trouver de nouveaux partenaires, le pôle opérations s’occupe de l’accompagnement des familles, l’équipe R&D a pour mission d’améliorer les contenus pédagogiques et d’évaluer l’efficacité de nos actions, et enfin nous avons un pôle administratif et financier.

Notre force se concentre dans la pluralité des profils d’experts et dans la passion pour le développement des tout-petits. L’association regroupe des experts de haut niveau, spécialisés dans la petite enfance : des chercheurs en neurosciences, des orthophonistes et des psychologues indépendants. Nous les sollicitons quelques heures par mois afin qu’ils entrent en contact avec les parents par téléphone, leur prodiguent des conseils pour stimuler l’éveil du langage et répondent à toutes leurs questions. Nous avons également des experts en interne tels que Céline David, chercheuse en neurosciences cognitives et en orthophonie, qui nous aide à bien évaluer et à analyser l’efficacité de nos contenus.

Notre force se concentre dans la pluralité des profils d’experts et dans la passion pour le développement des tout-petits.

Les parents sont aussi des moteurs de l’association. Ayant constaté leur investissement lors des ateliers et leur attachement à 1001 mots, nous avons mis en place le rôle de parents ambassadeurs. Nous proposons à ces derniers d’animer les ateliers avec nos intervenants, d’être les moteurs des groupes d’échanges, et de parler de l’association à leur entourage afin d’aider d’autres parents en difficulté. Ils sont bénévoles et disposent d’un statut assez flexible, sans contrainte horaire et qui peut se poursuivre après l’accompagnement. Ils prennent également des initiatives en organisant eux-mêmes des sorties entre parents dans des lieux de ressources comme la bibliothèque ou la ludothèque. Leur investissement s’inscrit en complémentarité de l’accompagnement à distance que nous proposons, car cela nous permet de rester en contact avec certains parents qui éprouvent des difficultés liées à la mobilité.

 

Avez-vous des retours positifs de la part des parents à partager avec nous ? Pensez-vous à des anecdotes en particulier ?

Bien sûr ! Je pense à la belle histoire d’Oxana, maman d’un petit garçon nommé Ricardo. Lors de son inscription au programme, cette maman nous a fait part de son inquiétude, car elle ne savait pas comment s’y prendre pour éveiller le langage de son bébé. Elle craignait que son enfant soit trop attiré par les écrans, et pensait qu’il était trop tôt pour lire des livres avec lui. Pendant l’accompagnement, il s’est avéré que Ricardo a adoré le livre que nous leur avons envoyé ! Il l’emmenait partout avec lui comme son doudou, et demandait régulièrement à sa maman de le lire. Elle s’est donc mise à lire régulièrement avec lui, tous les soirs, voire plusieurs fois par jour.

Nous sommes très fiers de pouvoir créer des moments de partage entre parents et enfants. Nous recevons beaucoup de témoignages de parents qui reconnaissent l’utilité et l’aide apportée par 1001 mots dans l’éveil du langage de leur bébé.

 

C’est super, 1001 mots m’encourage à faire des choses avec mon enfant, à le découvrir. Alors qu’avant je me disais « Ce n’est pas la peine, il est trop petit pour ceci ou pour cela. »

Maman de Moussa

11 mois

Cette association me rassure. Quand vous êtes parent, il n’y a pas de mode d’emploi. Là, je vois que d’autres font un peu comme moi, et ça me met en confiance.

Maman de Wayan

11 mois

Pour quantifier ces résultats, nous avons également mené deux évaluations scientifiques. La dernière en date a révélé que nous avons un impact assez fort sur l’éveil du langage des enfants suivis. Pour obtenir ce résultat, nous avons effectué une comparaison entre les enfants suivis et des enfants qui n’ont pas été accompagnés par l’association. Il s’est avéré que les parents accompagnés par 1001 mots lisent deux fois plus avec leurs enfants âgés d’un an ! Nous sommes très heureux de voir que notre travail porte ses fruits. Nous nous efforçons d’améliorer nos contenus au quotidien avec l’aide de nos experts, pour aider davantage de parents en difficulté.

Avez-vous d’autres projets à venir ?

À présent, notre défi est de continuer à nous améliorer et à nous étendre sur le territoire. Nous cherchons toujours à déployer des partenariats forts et à accroitre le nombre de familles suivies. En Seine–Saint-Denis, par exemple, nous sommes passés de 100 à 2 500 enfants suivis en un an.

L’objectif est de toucher différents départements urbains et ruraux où les disparités sont plus accentuées. Nous voulons accompagner 100 000 enfants dans 20 départements en 2026. C’est un déploiement progressif et raisonné que nous avons mené par étapes. En 2023, nous suivons 10 000 familles dans 8 départements contre 5 départements en 2022, nous souhaitons être présents dans 10 départements en 2024, et viser 15 départements en 2025.

Notre programme a été conçu pour s’adapter à différents publics et à différents territoires.

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