13/03/24

La naissance de l’un des plus grands aéroports d’Europe : Paris-Charles de Gaulle

L’histoire de Paris-Charles de Gaulle commence en 1974 après dix ans de travaux. Conçu pour soulager les aéroports saturés de Paris-Orly et de Paris-Le Bourget, le « projet Paris-Nord » est très vite devenu un incontournable du trafic aérien français et européen. À l’occasion de ses 50 ans, l’équipe d’Entre voisins est partie à la rencontre de celles et ceux qui ont vécu les premières semaines de l'aéroport. De l’inauguration du Terminal 1 au premier vol de la compagnie Air France, découvrez les témoignages de Geneviève Negri, chargée de communication auprès du sous-préfet chargé de la sécurité et de la sûreté de Bobigny, de Henri Cibert, autrefois commandant de bord de la compagnie Air France et de Claude Maquerie, responsable des matériels au fret pour Air France Cargo.

Le 8 mars 1974, le Terminal 1 de « Paris-Charles de Gaulle » est inauguré par Pierre Mesmer, alors Premier ministre. 50 ans plus tard, ce hub aéroportuaire, premier aéroport français et deuxième Européen, transporte des millions de passagers et de tonnes de fret en provenance du monde entier. Retour sur les premiers jours de ce mastodonte de l’aéroportuaire aux côtés de ceux qui l’ont connu à ses débuts.

L’inauguration de Paris-Charles de Gaulle

Le 8 mars 1974, Geneviève Negri était dans les murs de Paris-Charles de Gaulle aux côtés du préfet de Bobigny dont l’aéroport dépendait alors. Avant de prendre le poste de chargée de communication, elle était attachée de permanence au cabinet du préfet. Ce jour est resté figé dans sa mémoire. « C’était ma première sortie officielle avec le préfet » confie-t-elle.

« Le Terminal 1, un lieu immense et très innovant avec cette forme ronde et ces satellites. C’était sombre tout de même, il n’y avait pas encore la clarté qu’on connaît aujourd’hui dans les terminaux ».

Geneviève Négri

Tenant sa médaille gravée « Aéroport CDG 1974 » entre ses mains, Geneviève se souvient « d’un lieu immense et très innovant avec cette forme ronde et ces satellites. C’était sombre tout de même, il n’y avait pas encore la clarté qu’on connaît aujourd’hui dans les terminaux ».

Geneviève a été particulièrement marquée par le peu de femmes présentes parmi les invités. Elle, qui s’occupait en partie de la condition féminine à la préfecture, dresse le constat avec étonnement : « Il n’y avait pratiquement que des hommes à un événement qui intéresse autant les femmes que les hommes ».

Loin de l’euphorie et des ambiances festives des inaugurations qui ont suivi, cette première était protocolaire et studieuse. « Ce n’était pas l’euphorie » se rappelle Geneviève en repensant aux suivantes : « j’ai eu l’occasion d’assister à l’inauguration du Terminal 2E avec M. Sarkozy. C’était plus spectaculaire ! ».

Geneviève Negri a rejoint la plateforme de «Paris-Charles de Gaulle » en 2004. « J’ai connu à l’aéroport ma plus belle expérience professionnelle ». Parmi ses missions, certaines ont laissé des traces mémorables. Du crash du Concorde à l’accueil des pandas du ZooParc de Beauval en passant par les nombreux acteurs français et internationaux, Geneviève raconte le sourire aux lèvres : « dans mon bureau, ma petite récompense, c’était d’avoir des photos avec tous ces acteurs. Gérard Lanvin, Jackie Chan… ».

Le premier vol Air France au départ de Paris-Charles de Gaulle

Après l’inauguration, les équipes du Groupe ADP et des compagnies aériennes ont pris peu à peu leurs marques dans ce nouvel aéroport à l’architecture futuriste. Regards croisés de Henri Cibert, ancien commandant de bord, et de Claude Marquerie, ancien responsable des matériels embarquables au fret pour Air France Cargo, sur ce lieu chargé d’histoires.

Claude était commercial chez Air France quand « l’aéroport » a vu le jour. Volontaire pour embarquer à bord de ce nouveau projet, il répond à l’appel de la direction du personnel et devient délégué régional pour le Val d’Oise. « J’ai fait l’ouverture de Paris-Charles de Gaulle au fret » raconte-t-il. « Il y avait une petite gare banale très longue, un bâtiment long et sans étage. Air France, Air Canada, Paname… Toutes les compagnies installées dans le fret étaient là. Il y avait La Poste, le bâtiment de la douane, et puis la cantine ouverte à tous les personnels de cette zone de fret ».

De son côté, Henri a toujours voulu être pilote. Pendant sa formation, ce passionné d’aviation aimait aller voir l’avancée des travaux de Paris-Orly Sud. Entré chez Air France comme navigateur, il volait au départ de Paris-Orly car « tout se passait à Orly », précise-t-il. Après l’inauguration de Paris-Charles de Gaulle, Henri a dû patienter encore quelques semaines avant d’investir les lieux. La compagnie Air France était alors en discussion avec le Syndicat National des Pilotes de Ligne (SNPL). Dans l’attente de la signature d’un accord, les pilotes n’étaient pas autorisés à utiliser « la nouvelle plateforme ». « Je me suis retrouvé en grève sans pouvoir voler », se souvient-il.

En recherchant dans ses archives, Henri est tombé sur un article du Monde qui annonçait la signature de l’accord entre Air France et le SNPL le 30 avril 1974. Henri, qui tient son carnet de bord de l’époque entre les mains, déclare avec fierté : « J’ai décollé avec une Caravelle de Paris-Charles de Gaulle pour Belgrade et Sofia le 30 avril 1974 à 11 h du matin. Je suis donc le premier commandant de bord d’Air France à avoir décollé le premier avion de la compagnie qui est parti de l’aéroport ».

Caravelle F-BHRU devant le Terminal 1

Suite à un accord enfin trouvé les 26 et 27 avril avec le SNPL, je décolle dès le mardi 30 pour la première fois de Roissy avec la F-BHRA, la toute première Caravelle livrée à Air France au printemps 1959, quinze années auparavant : celle que j’avais alors eue la chance de « découvrir » en passager lorsque j’étais stagiaire à l’ENAC ! Direction Belgrade, puis Sofia.

Henri Cibert

L’architecture innovante de l’aérogare avec son terminal en forme de corps central cylindrique en a étonné plus d’un. « Cet aéroport au milieu des champs me déconcertait complètement » raconte Henri. « Je me suis amusé à le visiter. Pour s’orienter dans cette forme circulaire, ce n’était pas une mince affaire ». Claude, lui, se souvient de l’immensité du lieu. « On nous avait donné un plan pour trouver les bureaux. Il fallait traverser toute une partie dans la gadoue pour aller à la gare de fret. Il fallait bien anticiper son temps de départ et d’enregistrement à son poste. Ce type d’aérogare, c’était nouveau pour moi ».

L’ascension du Groupe ADP

De l’inauguration à aujourd’hui, Paris-Charles de Gaulle et le Groupe ADP ont connu une évolution sans précédent. Henri se souvient d’un atterrissage complexe : « Au départ, l’aéroport n’était pas tout à fait au point. Je suis rentré une fois d’Abu Dhabi, il y avait du givre sur toute la plateforme. À l’époque, il n’y avait pas de passerelle. Il a fallu une petite heure pour débarquer un Airbus avec 250 passagers ». Aujourd’hui, Henri admet volontiers : « c’est un aéroport extrêmement efficace, je suis complètement admiratif ».

Pour moi ce n’était pas un travail. J’adorais ce que je faisais !

Geneviève Négri

En 50 ans d’histoire, Paris-Charles Gaulle a été un théâtre d’innovations aéronautiques. Geneviève témoigne : « il y a eu énormément de choses importantes dans cet aéroport ». Elle cite le vol inaugural de l’A380. Pour l’occasion, photographes et journalistes étaient installés sur un bus découvert. « Ils pouvaient faire leurs prises de vue directement sur le tarmac, et voir ce bel oiseau arriver » raconte-t-elle. Avec Paris-Charles de Gaulle, Geneviève confie s’être prise de passion pour l’aviation : « pour moi ce n’était pas un travail. J’adorais ce que je faisais ».

Lieu d’histoire et de mémoire, l’aéroport Paris-Charles de Gaulle a traversé les époques. De la croissance exponentielle du trafic aérien, aux plus grands événements internationaux, en passant par les innovations technologiques du secteur aéronautique, Paris-Charles de Gaulle continue de faire rêver des générations de passionnés d’aviation.

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