Depuis 2016, la Maison de l’Environnement et du Développement durable de Paris-Orly organise le Prix du Livre Paris-Orly, un évènement annuel dont l’objectif est de favoriser l’accès à la lecture jeunesse aux élèves de CM2 des communes proches de Paris-Orly et de Paris-Charles de Gaulle. Cette nouvelle édition est organisée et financée par la Fondation du Groupe ADP, en partenariat avec le Groupe Lagardère, Nats Edition et le réseau des enseignes RELAY. Les élèves qui participent au projet doivent lire les livres sélectionnés, rencontrer les auteures et voter pour leur coup de cœur.
Cette année, en compétition, quatre ouvrages jeunesse dont le thème est : harcèlement scolaire et réseaux sociaux.
Le 12 avril dernier, une classe de CM2 de la commune de Meaux (77) a été accueillie à la Maison de l’Environnement et du Développement durable de Paris-Charles de Gaulle, pour une rencontre avec Enel Tismaé, auteure du l’album jeunesse On m’a dit, et Malice Zambaux, l’illustratrice du livre. Cette rencontre a permis aux élèves d’échanger sur le livre, sur les différentes situations de harcèlement scolaire et d’aborder les différentes solutions pour faire face à ce danger. Rencontres.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ainsi que votre ouvrage ?
Je suis l’auteure des deux volumes de l’album jeunesse On m’a dit, qui aborde la question du harcèlement scolaire. J’écris également des romans pour adultes, notamment sur la mythologie. On m’a dit raconte d’abord l’histoire d’une petite fille, ensuite celle d’un garçon avec des lunettes, puis tout au long du livre, différentes situations de harcèlement sont présentées à travers des petites histoires. L’objectif est de faire comprendre que l’on ne peut pas être harcelé parce qu’on est gros, parce qu’on porte des lunettes ou parce qu’on est noir. C’est ce que nous avons tenté de mettre avant, en représentant des personnages variés, avec différentes couleurs de peau et toutes les origines possibles, afin que chaque enfant puisse s’y identifier. Il ne s’agit pas d’un ouvrage à vocation scientifique, le but est de faire comprendre aux enfants ce qu’est le harcèlement, en leur exposant différentes situations auxquelles ils peuvent faire face au quotidien.
L'objectif est de faire comprendre que l'on ne peut pas être harcelé parce qu'on est gros, parce qu'on porte des lunettes ou parce qu'on est noir.
Le premier volume du livre est adapté aux enfants de primaire, il contient des rimes ainsi que des illustrations aux couleurs pastel, pour apporter une touche de douceur et atténuer la violence du sujet. Le deuxième volume est plutôt adapté aux collégiens car il concerne la question du harcèlement scolaire plus en profondeur, en abordant des thèmes comme la stigmatisation, l’homophobie, les violences et notamment celui du suicide, mais toujours avec délicatesse.
Pourquoi avoir choisi le thème du harcèlement scolaire ?
Mon livre est fondé sur l’histoire de ma fille qui a été harcelée de la classe de CM2 au collège, donc c’est un sujet qui me tient à cœur. Elle a été agressée physiquement par deux garçons dans les toilettes de son école. Ce type de violence physique et sexuelle ne devrait pas exister dans les établissements scolaires, c’est très grave. Tout cela s’est passé il y a huit ans, et à l’époque on n’en parlait pas autant que maintenant. Depuis quelques années, le harcèlement scolaire est devenu un sujet de société dont on parle plus facilement, mais avant c’était tabou ou considéré comme des histoires entre copines. Cependant, lorsque vous êtes victime de harcèlement pendant plusieurs années, il ne s’agit plus simplement d’histoires entre copines. J’ai écrit ce livre car c’est mon cœur de maman qui saignait et qui avait besoin de se vider, mais je ne pensais pas qu’il aurait un tel impact.
Je me souviens d’une petite fille qui est venue me voir lors d’une rencontre avec sa classe en me disant qu’un garçon l’embêtait souvent, mais qu’elle ne savait pas que c’était du harcèlement. Cela montre bien que les enfants n’ont pas conscience de ce que c’est. Grâce à ce livre et à la rencontre avec son école, cette petite fille a pris conscience de ce qu’elle vivait au quotidien et m’a dit qu’elle en parlerait à ses parents. C’est une fierté personnelle de me dire que je l’ai peut-être aidée à sortir de cette situation.
J'ai écrit ce livre car c'est mon cœur de maman qui saignait et qui avait besoin de se vider, mais je ne pensais pas qu'il aurait un tel impact.
J’ai également rencontré des parents au salon du livre qui ont acheté l’album pour parler du harcèlement scolaire à leurs enfants, et ils se sont rendu compte que ces derniers se faisaient harceler. Finalement, on s’aperçoit qu’en abordant le sujet, les enfants se disent qu’il faut en parler. Je suis très fière de pouvoir apporter ma petite pierre à l’édifice.
Enel Tismaé et Malice Zambaux ©Dioumy Samba
Qu’attendiez-vous de cette rencontre avec les enfants ?
Le but principal de cette rencontre était d’aborder le sujet et de leur expliquer ce qu’est le harcèlement. J’ai tenté de leur expliquer qu’au début ce sont des petites blagues entre copains, mais lorsque toute la classe s’y met ce n’est plus une blague, et les conséquences peuvent être dramatiques. Il faut aider les enfants à se rendre compte que peut-être ce qu’ils vivent ou ce qu’ils voient est une forme de harcèlement. J’ai aimé cette rencontre car depuis la sortie de l’album je n’ai jamais eu d’avis d’enfants, et là j’ai pu voir ce qu’ils ont ressenti en lisant le livre.
S’exprimer en tant que témoin
Ilias Acoras, 10 ans
« Cette rencontre m’a fait du bien car j’ai pu parler des situations de harcèlement dont j’ai été témoin, comme la fois où j’ai vu un enfant de CP se faire frapper par un grand de CM1. J’ai aimé lire le livre car il y a pleins d’histoires différentes et j’ai appris un tas de choses ! Par exemple, si je vois un camarade se faire harceler, je lui conseillerai d’en parler à des adultes. »
Se confier à des adultes
Adam Belghazi 10 ans
« J’ai aimé cette rencontre avec l’auteure car j’ai eu l’occasion d’en apprendre un peu plus sur sa vie. Grace à son livre je sais que si je me fais harceler à l’école, je peux en parler à mon professeur, à mes deux meilleurs amis et à mes parents. »