19/02/21 3 questions à

Surveiller nos émissions atmosphériques, pour mieux les maîtriser

De jour comme de nuit, les émissions des centrales thermiques, frigorifiques et électriques du Groupe ADP sont mesurées, surveillées, enregistrées. C’est le laboratoire du Groupe qui assure cette mission essentielle. Aux manettes, Benoît Trochain.

C’est une obligation réglementaire : toutes les émissions, ou rejets atmosphériques, des centrales électriques dont la puissance est supérieure à 20 mégawatts (MW) doivent être surveillées. Pour vous donner un ordre d’idée, 1 mégawatt correspond à la puissance d’environ 10 000 ampoules de 100 watts (W).

Cette surveillance est importante, puisqu’elle permet de s’assurer que les émissions ne dépassent pas les seuils prévus par la loi. Le Groupe ADP compte 19 chaudières : des installations industrielles qui visent à augmenter la température d’un fluide, ici de l’eau, pour déplacer de l’énergie thermique. La majorité de ces chaudières fonctionnent au gaz, et 14 sont soumises à la surveillance : 4 à Paris-Orly et 10 à Paris-Charles de Gaulle.

Quelles sont précisément les émissions qui sont monitorées ? Comment est-ce que cela se déroule sur le terrain ? Benoît Trochain, le responsable de cette surveillance au sein du laboratoire du Groupe ADP, nous explique tout.

19

chaudières alimentent les installations de Paris-Charles de Gaulle, Paris-Orly et Paris-Le Bourget.

Quelles émissions mesurez-vous ?

Nous monitorons les émissions de l’ensemble de nos chaudières. Les 10 chaudières de Paris-Charles de Gaulle servent essentiellement à alimenter les terminaux en eau chaude sanitaire. Ce sont principalement des chaudières à gaz. En cas de rupture d’approvisionnement en gaz, ce qui arrive rarement, nous pouvons être amenés à utiliser exceptionnellement du fioul domestique.

180

mégawatts de puissance totale des chaudières à Paris-Charles de Gaulle. L’équivalent de la production d’une ville comme Brest !

Paris-Charles de Gaulle est également équipé de 2 chaudières biomasse, qui fonctionnent avec du bois qui provient de moins de 50 kilomètres de l’aéroport. En maintenance début 2020, elles n’ont pas pu être redémarrées courant 2020, sous l’effet combiné des confinements et de l’activité partielle. Leur reprise est prévue pour avril 2021.

À Paris-Orly, nous disposons de 4 chaudières gaz et d’un puits géothermique, pour une puissance de 70 mégawatts. A cela s’ajoute une récupération d’une partie de la chaleur produite par les incinérateurs du marché de Rungis.

Enfin, Le Bourget compte 2 chaudières. Mais comme elles totalisent une puissance inférieure à 20 mégawatts, elles ne sont pas soumises à l’autosurveillance.

Le Groupe ADP renouvelle ses chaudières régulièrement, pour des installations moins polluantes. Paris-Orly a ainsi accueilli deux chaudières nouvelle génération, qui émettent 3 fois moins d’oxydes d’azote, ou NOx, des gaz polluants émis par la combustion. Une chaudière connaît une durée de vie de 10 ans, en moyenne. Bientôt, celles du Bourget seront renouvelées.

Benoît Trochain sur le terrain, face à un appareil de mesure.

Qui définit les valeurs à respecter ?

L’autosurveillance s’inscrit dans un cadre légal. Le code de l’environnement soumet l’installation des chaudières à une autorisation, et prévoit une série de règles pour la mise en place et la maintenance, incluant des valeurs limites pour les émissions. Ces valeurs limites font également l’objet de plusieurs arrêtés préfectoraux, à Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly.

Quels polluants surveillez-vous ?

La réglementation nous amène à mesurer certains polluants, comme les oxydes d’azote (NOx), le monoxyde de carbone (CO), le dioxyde souffre (SO2) et les particules. Mais, au-delà de cette obligation, puisque nous sommes équipés d’appareils capables de mesurer une large liste de polluants, nous en mesurons davantage, comme le dioxyde de carbone (CO2).

68

appareils de mesure surveillent en continu 11 paramètres par cheminée.

Pour des questions de calcul, nous effectuons aussi des mesures périphériques, comme le taux d’oxygène dans les conduits, le débit des fumées, l’humidité ou la température.

Toutes ces données, nous sommes tenus de les conserver pendant 5 ans. Et quand on sait que l’on acquiert des données toutes les secondes, on se rend vite compte que cela représente un volume énorme.

Quels appareils utilisez-vous ?

Chaque cheminée est équipée de cinq appareils, qui mesurent différents polluants. 90% de nos appareils sont identiques et fonctionnent avec un système de mesure in situ. C’est-à-dire que les sondes sont insérées directement dans les fûts des cheminées. Dans une des centrales de Paris-Orly, on peut distinguer des gros appareils sur la plateforme de la cheminée : ce sont ces appareils qui mesurent les polluants.

Les autres modèles sont dits extractifs : un tuyau va chercher le polluant. Le choix de l’appareil se fait en fonction du type de cheminée.

Pour être mis en place, les appareils doivent répondre à un niveau de qualité précis. Puis ils sont régulièrement contrôlés.

Toutes les semaines, nous procédons à un autocontrôle des appareils. Concrètement, nos appareils abritent une cellule de gaz qui permet de vérifier leur bon fonctionnement.

En orange : des appareils de mesure installés sur une cheminée, à Paris-Orly.

Tous les trimestres, nous éditons un rapport, qui répond aux obligations des arrêtés préfectoraux évoqués plus tôt. Nous y indiquons le taux de disponibilité des chaudières, le taux de panne, les émissions moyennes… Cela permet de vérifier que les valeurs limites d’émission par polluant (VLE) ont bien été respectées, à la fois au quotidien et dans une moyenne mensuelle.

Enfin, tous les ans, à Paris-Charles de Gaulle, Paris-Orly et Paris-Le Bourget, nous effectuons un contrôle de qualité que nous diffusons aux directions régionales et interdépartementales de l’environnement et de l’énergie (DRIEE). Nous le réalisons en général entre janvier et mars, puisque c’est la période à laquelle nous sommes à peu près sûrs que les chaudières fonctionnent.

Vous rendez-vous souvent sur le terrain ?

La moitié du temps, environ, pour les dépannages, pour les contrôles réglementaires et pour la maintenance curative et préventive. Quand il est nécessaire de dépanner, nous faisons arrêter la chaudière le temps de la réparation. Ainsi, nous ne perdons aucune donnée de mesure. Et, une fois par an, nous démontons tous les appareils pour une opération de maintenance préventive. En général, cela nous prend un mois et demi, entre fin juin et mi-septembre.

Le reste du temps, je le passe devant mon ordinateur, sur le système informatique qui récupère les données. Nous l’avons d’ailleurs renouvelé il y a 4 ans, pour gagner en robustesse et assurer encore davantage la sauvegarde des données.

Restons en contact

Suivez l’actualité des projets, travaux et événements proches de chez vous grâce à l'infolettre Entre voisins.

Infolettre février- mars 2024